Le Tribunal judiciaire de Paris a frappé fort le 10 avril 2025 : les quatre principaux fournisseurs d’accès (Orange, SFR, Bouygues Telecom et Free Mobile) ont reçu l’ordre de bloquer, sous deux semaines et pour un an, soixante adresses liées à des plateformes de piratage. Dans le lot figurent dix-sept noms de sites emblématiques – des portails de streaming illégal, des index de torrents et une kyrielle de domaines miroirs. Le mécanisme est connu : on bloque une URL, les opérateurs secondaires pivotent, les domaines se multiplient, et la partie recommence. Ce que j’ai vu sur le terrain, c’est moins un loto judiciaire que l’illustration d’un rapport de force technique et culturel. Les consommateurs trouvent des contournements, parfois par naïveté, parfois par calcul ; les plateformes légales gèrent des catalogues morcelés et des tarifs perçus comme élevés ; les autorités accélèrent leurs réponses.
Ce qui m’intéresse, au-delà du fait divers, c’est la dynamique : comment on bloque, comment on contourne, et surtout comment on réduit le dommage collatéral (des sites malveillants qui profitent des trous). Dans cet article, je décortique la décision, les techniques, les profils des sites ciblés — de Torrent9 et Cpasbien à Monstream —, et je donne des gestes concrets pour les utilisateurs et les administrateurs. J’emmène aussi Claire, administratrice système dans une PME média, qui vit chaque semaine des épisodes de blocage, migration de miroirs et fausses alertes DNS. Sa trajectoire nous servira de fil conducteur pour comprendre ce terrain mouvant.
En bref :
- 10 avril 2025 : décision judiciaire ordonnant le blocage de 60 adresses, incluant 17 sites majeurs.
- Acteurs : Orange, SFR, Bouygues Telecom, Free Mobile doivent appliquer le blocage.
- Modes opératoires : usage massif de domaines miroir (.ceo, .men, .ninja, .blog, .gd, .cz, .lc) pour contourner les blocages.
- Profil des plateformes : streaming illégal (Monstream, Papystreaming…), index/torrent (Torrent9, Cpasbien, YggTorrent).
- Réponse utilisateur : plusieurs millions continuent de pirater, 60% comprennent le recours à ces pratiques selon des sondages récents.
Le verdict du 10 avril 2025 et ses implications pour Torrent9, Cpasbien, Monstream
La mesure sortie du tribunal judiciaire de Paris le 10 avril 2025 est, sur le papier, simple : bloquer l’accès à une liste d’adresses durant un an. Dans la pratique, c’est un coup de semonce. L’avocat Alexandre Archambault a relayé l’information, reprise par la presse technique ; l’ordonnance cible 17 sites principaux, mais aussi une soixantaine d’adresses qui servent de relais. Claire, notre administratrice système, m’a raconté la première fois qu’un blocage similaire est tombé : « En une matinée, les dashboards de support explosaient. Les utilisateurs voyaient des pages d’erreur, les équipes marketing paniquaient. »
Le choix des 17 noms est révélateur. On y trouve des portails de streaming — qui diffusent films et séries en direct — et des index torrents qui fournissent des fichiers .torrent et des liens magnet. Torrent9 et Cpasbien sont des exemples classiques d’indexeurs ; Monstream, Papystreaming ou Wawacity (quand il n’a pas changé de domaine) incarnent la logique du streaming. Ces plateformes alimentent un écosystème où le contenu se duplique, se traduit en miroirs, et réapparaît via des domaines exotiques.
Quelques éléments concrets et une petite fiche technique :
- Mécanisme juridique : injonction au titre du droit d’auteur, demande de blocage adressée aux FAI.
- Temporalité : application sous deux semaines, durée de blocage : un an.
- Portée technique : blocage DNS, filtrage au niveau des IP et des URL selon les opérateurs.
- Effet attendu : réduire l’accès direct et freiner le référencement des sites dans les moteurs de recherche.
- Effet réel : déplacement du problème, création de nouveaux domaines miroir et recours à des services tiers.
Le raisonnement judiciaire est clair : frapper les infrastructures visibles pour limiter la diffusion. Mais le système est fractal — on détruit une tête, deux repoussent. Et c’est précisément ce que la justice cherche à perturber en ciblant non seulement les noms historiques mais aussi leurs multiples déclinaisons. En revanche, bloquer une adresse ne règle pas la question économique et sociale qui pousse des millions de Français vers ces sites. Claire m’a dit : « Tu peux fermer un accès, si le service légal n’est pas accessible ou trop cher, les gens cherchent une échappatoire. »
Pour les acteurs du droit et les opérateurs techniques, l’enjeu devient double : être rapides et précis sans casser l’accès légitime à des services. C’est un équilibre fragile, et la décision du 10 avril en est une illustration concrète. Insight : le blocage judiciaire est efficace pour retarder, pas pour éradiquer.

Les techniques de contournement : pourquoi les domaines se multiplient et comment ils opèrent
On ne joue pas contre la technique en utilisant uniquement la loi. Les opérateurs illégaux l’ont compris depuis longtemps et ont industrialisé les contournements. Quand un domaine principal tombe, ils déplacent le contenu sur une vingtaine de miroirs, souvent dans des TLDs exotiques : .ceo, .men, .ninja, .blog, ou des extensions de pays comme .gd (Grenade), .cz (République tchèque), .lc (Sainte-Lucie).
Techniquement, les stratégies les plus répandues sont :
- Miroirs DNS : multiplication des enregistrements et bascule via CNAME.
- CDN et proxys : cacher l’origine réelle derrière des networks de distribution.
- Redirections HTTP : chaînes de redirection pour échapper aux listes statiques.
- Fournisseurs offshore : enregistrement chez des registres peu regardants pour compliquer la mise hors service.
- Utilisation de services tiers : Telegram, forums, ou indexeurs alternatifs pour diffuser les nouveaux liens.
Claire a une anecdote : « Un soir on a bloqué un domaine, le lendemain le même contenu était accessible via un nouveau .ninja référencé sur un forum X. Le tracking manuel devient vite impossible. » Ce qui complique la réponse, c’est que ces plateformes n’hébergent parfois pas elles-mêmes tout le contenu ; elles agglomèrent des flux, des liens externes, et laissent les utilisateurs servir de relais. Le piratage aujourd’hui est industriel : automation, monitoring et bascule automatique.
Pour l’utilisateur final, le plus visible est le recours aux VPN ou aux proxys. De ce point de vue, la question technique se double d’une question éthique et pratique. Si vous vous demandez « faut-il utiliser un VPN? », la réponse technique est simple : un VPN masque la route, pas la responsabilité. Il protège la vie privée sur des réseaux publics, il peut contourner certains blocages territoriaux, mais il ne rend pas un acte illicite licite.
Principales méthodes de contournement observées :
- Changement rapide de TLD (ex : de .com à .men) et rediffusion via mirror lists.
- Utilisation d’infrastructures cloud temporaires pour hébergement furtif.
- Pénétration des plateformes sociales pour publier des liens dynamiques.
- Publication de fichiers magnet via réseaux P2P pour rester décentralisé.
- Recours à des services d’email temporaire et d’URLs courtes pour masquer l’origine.
En termes de riposte, l’Etat et les FAI peuvent agir sur plusieurs couches : blocage DNS, blocage IP, retrait de contenu à l’hébergeur, et coopération internationale pour fermer les registres. Mais la course reste asymétrique : les plateformes illégales n’ont besoin que d’une solution fonctionnelle pour redevenir visibles, alors que les autorités doivent coordonner acteurs multiples.
En synthèse : les techniques de contournement transforment une action judiciaire isolée en un jeu de réaction en chaîne, et cela impose aux défenseurs de penser en système, pas en silo.

Profil des plateformes ciblées : streaming, torrents et l’économie de l’ombre (Torrent9, Cpasbien, Zone-Téléchargement…)
Comprendre qui est visé, c’est comprendre les business models. Il y a plusieurs familles : les sites de streaming direct, les indexeurs de torrents, et les plateformes qui combinent les deux. Monstream, Papystreaming, Wawacity ont pignon sur la diffusion instantanée ; Torrent9, Cpasbien, YggTorrent, Tirexo, OMGTorrent, Zone-Téléchargement ou Extreme Download sont plutôt des indexeurs/torrents. Chacun attire un public différent et génère des revenus de manière spécifique.
Typologie et conséquences :
- Streaming illégal : revenus publicitaires, pop-ups, offres d’abonnement frauduleuses. Risques : malwares, cryptojacking, phishing.
- Indexeurs de torrents : partage P2P, trackers publics ou privés. Risques : exposition d’IP, inoculation de contenus trafiqués.
- IPTV pirate : abonnement illégal à des bouquets TV piratés. Risques juridiques pour les utilisateurs et infrastructure centralisée vulnérable.
Une observation froide : ces plateformes fonctionnent parce qu’elles répondent à des besoins — prix, disponibilité, simplicité. Les services légitimes ont morcelé les catalogues (chaque studio a son propre service), ce qui crée de la friction. Les utilisateurs cherchent l’immédiateté. J’ai vu des cas où un match était retransmis sur un flux pirate, et des milliers se connectaient en quelques minutes ; l’impact financier et d’image pour les ayants droit est réel.
Risques concrets pour l’utilisateur :
- Infection par malwares ou ransomwares via publicité ou fichiers trafiqués.
- Exposition des identifiants et données personnelles.
- Poursuites administratives ou amendes en cas d’usage d’IPTV illégal.
- Perte de garantie ou compromission des appareils via logiciels malveillants.
Pour ceux qui veulent creuser l’écosystème des plateformes ciblées et des mesures prises récemment, il y a un panorama utile disponible : liste des plateformes prisesées par les pirates. Et si votre curiosité vous mène aux affaires d’IPTV en France, l’enquête sur un réseau démantelé via une simple commande de pizza reste un cas d’école : réseau IPTV démantelé.
Claire me l’a résumé ainsi : « Ces sites tiennent parce qu’ils sont pratiques et peu coûteux. Mais le prix réel nous rattrape quand le malware ou le phishing apparaît. » Et c’est la tension centrale : confort immédiat versus risque différé. Insight : la nature des plateformes explique en grande partie la stratégie des autorités — frapper les points de distribution visibles et perturber la chaîne économique.

La face humaine : motivations des utilisateurs et alternatives légales mal calibrées
On peut statuer autant qu’on veut, la réalité demeure sensible et sociale. Plusieurs millions de Français continuent de consommer via streaming illégal ou IPTV. Les sondages récents montrent que près de 60% des personnes interrogées comprennent le recours au piratage. Pourquoi ? Parce que le prix, la fragmentation des catalogues, et parfois l’expérience utilisateur des offres légales sont pénibles. Claire a un cousin, Antoine, qui a expliqué pourquoi il utilise encore des streams pirates : « J’ai trois abonnements pour suivre les séries que j’aime, c’est invivable. »
Facteurs explicatifs :
- Coût : additionner plusieurs services coûte vite autant qu’un loyer. Beaucoup perçoivent les tarifs comme excessifs.
- Disponibilité : certains films ou séries ne sont disponibles que temporairement sur une plateforme, ou jamais en France.
- Expérience : publicités intrusives des services illégaux mais ergonomie parfois meilleure que certaines plateformes légales mal conçues.
- Culture : génération qui a grandi avec le partage, perçoit le contenu comme accessible.
Face à cela, les offres légales doivent évoluer. Mais il y a aussi des gestes individuels pratiques pour limiter le risque sans pour autant tout criminaliser : utiliser un gestionnaire de mots de passe pour éviter les réutilisations, s’équiper d’un antivirus de qualité — l’importance des antivirus n’est pas un gag — et apprendre à reconnaître les tentatives de vishing et escroqueries téléphoniques qui débarquent après une compromission.
Solutions pragmatiques :
- Prioriser l’abonnement sur un service principal et tourner selon la sortie des contenus.
- Profiter des périodes d’essai et des catalogues gratuits légitimes.
- S’informer : certains articles expliquent comment conserver des éléments importants lors des nettoyages systèmes, utile si vous nettoyez une machine compromise (conserver les cookies importants).
- Éduquer autour de soi : souvent ce sont des jeunes qui partagent des liens sans mesurer le risque.
Au final, la partie sociale est tout aussi importante que la technique. Si l’on veut réduire le piratage durablement, il faut des catalogues plus accessibles, des tarifs clairs, et une prévention qui ne ressemble pas uniquement à de la répression. Insight : la prévention et l’amélioration de l’offre légale valent souvent plus que les interdictions ponctuelles.

Mesures concrètes pour se protéger : pour les utilisateurs, les entreprises et les admins
On termine (sans conclure) par du concret. J’aime les checklists qu’on peut appliquer dès aujourd’hui. Claire, en tant qu’admin, a mis en place deux niveaux : protection technique sur l’infrastructure et formation utilisateur. Voici les gestes que je recommande, classés et actionnables.
Pour les utilisateurs :
- Sécuriser ses comptes : utilisez un gestionnaire de mots de passe et activez l’authentification à deux facteurs quand c’est possible.
- Sauvegardes régulières : savoir restaurer ses données — pensez à sauvegarder vos conversations WhatsApp si vous dépendez de messageries pour récupérer des liens.
- Antivirus et hygiène numérique : maintenir un antivirus à jour et limiter l’installation de logiciels non vérifiés (importances des antivirus).
- Prudence face aux offres : attention aux abonnements douteux, offres trop attractives ou liens diffusés via messages privés.
Pour les responsables IT et admins :
- Filtrage réseau : configurer des règles DNS/HTTP pour bloquer les sources connues et monitorer les anomalies de trafic.
- Education : sessions régulières sur le phishing, le social engineering et le vishing (vishing et escroqueries téléphoniques).
- Procédure d’incident : plan de réaction clair en cas d’infection ou d’accès depuis des sources non autorisées.
- Coordination juridique : savoir comment répondre aux injonctions et travailler avec les FAI.
Actions opérationnelles immédiates :
- Scanner vos machines et réseaux régulièrement.
- Isoler un poste compromis et faire une restauration à partir d’une sauvegarde saine.
- Informer les utilisateurs, pas pour les culpabiliser, mais pour qu’ils rejoignent la défense collective.
Et pour finir, un rappel pratique : si vous avez des soucis avec des comptes de messagerie ou des désactivations, il existe des ressources pour récupérer l’accès aux services (par exemple des guides sur la récupération de comptes). Ces gestes sont simples, mais ils font la différence. Insight final de cette section : la sécurité réelle se construit par l’habitude, pas par la panique.

Que signifie le blocage décidé le 10 avril 2025 pour l’utilisateur lambda ?
Le blocage ordonné vise à empêcher l’accès direct à des adresses identifiées comme facilitant la contrefaçon. Pour l’utilisateur, cela peut se traduire par des pages inacessibles ; toutefois, des contournements existent et l’usage illégal reste sanctionnable.
Est-ce qu’un VPN rend l’accès à un site piraté légal ?
Non. Un VPN peut masquer votre localisation ou chiffrer votre trafic, mais il ne change pas la légalité d’un acte. L’usage d’un VPN ne protège pas contre les poursuites en cas d’infraction avérée.
Comment reconnaître qu’un site de streaming est malveillant ?
Signes : publicités agressives, demandes d’installation de codecs ou d’applications, pop-ups urgents, redirections multiples. Si vous voyez ces éléments, quittez immédiatement et analysez votre machine.
Que faire si mon ordinateur est infecté après avoir visité un site pirate ?
Isoler la machine, couper l’accès réseau, lancer un scan antivirus à jour, restaurer depuis une sauvegarde propre si nécessaire, et changer les mots de passe importants en utilisant un gestionnaire de mots de passe.
 
									 
					